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jeudi 24 janvier 2019

"Par le vent pleuré" Ron Rash

"Par le vent pleuré" Ron Rash 
 Ed. Seuil 2017..
Titre en VO: "The Risen" (2016)

Résumé: Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d’ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s’appelait Ligeia, et personne n’avait plus entendu parler d’elle depuis un demi-siècle. 1967 : le summer of love. Ligeia débarque de Floride avec l’insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C’est l’époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent bien loin de ces révolutions, sous la coupe d’un grand-père tyrannique et conservateur, vont se laisser séduire par Ligeia la sirène et emporter dans le tourbillon des tentations. Le temps d’une saison, la jeune fille bouleversera de fond en comble leur relation, leur vision du monde, et scellera à jamais leur destin – avant de disparaître aussi subitement qu’elle était apparue. À son macabre retour, les deux frères vont devoir rendre des comptes au fantôme de leur passé, et à leur propre conscience, rejouant sur fond de paysages grandioses l’éternelle confrontation d’Abel et de Caïn.

Nous sommes le 24 Janvier 2019, et voici mon premier coup de cœur de l'année. Il y a des romans dont on ne peut expliquer l'effet qu'ils ont sur nous. Je me suis engouffrée dans ce roman. Je me suis plongée et je n'en suis pas sortie indemne. Ce n'est pas vraiment l'histoire en elle-même. Deux frères et une jeune fille. On retrouve les ossements de cette dernières près de cinquante ans plus tard. Que s'est-il passé? Simple non? Mais pourtant, ami lecteur, si l'histoire n'est pas extraordinaire et si, honnêtement, la fin n'est pas spectaculaire non plus, on ne peut que porter aux nues l'écriture de Ron Rash. Ce natif de de la Caroline du Sud nous emporte dans son monde rugueux et empli d'injustices. On découvre Bill et Eugene, deux frères que pratiquement tout oppose, sauf la haine qu'ils portent à leur grand-père tyrannique. On aurait presque envie de les sauver même si on sait que c'est déjà trop tard. Ils ont déjà été cramés par la vie, par cet été où tout va changer. Si Bill semble s'en être mieux sorti que son frère, devenu alcoolique, on découvre, au fil des pages, que Bill est tout aussi endommagé que Eugene. Roman d'initiation, on se laisse emporter dans cette Amérique que Rash construit et déconstruit. On sait que Ligeia les manipule. Mais on ne peut s'empêcher d'être attaché à cette adolescente en perdition. Ils vont tous couler à leur manière, rattrapés par le monde des adultes. Les enfants d'hier sont devenus des hommes accablés par la vie. L'un sombre, l'autre donne le change. Mais au final, ils sont plus semblables qu'ils ne le croient. La vie les a séparé. Cet été aura mis une distance infranchissable entre eux. Et pourtant... 
L'écriture de Rash est phénoménale et le classe dans les meilleurs écrivains américains de ces vingt dernières années. C'est à regret qu'on referme ce livre. On aurait encore voulu rester quelques instants aux bords de cette rivière. Mais le temps nous a rattrapé aussi. Un pur bijou. Tu l'auras compris, ami lecteur, celui-ci, je l'ai adoré.

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