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jeudi 24 janvier 2019

"Il est de retour" de Timur Vermes

"Il est de retour" Timur Vermes. 
Ed 10/18 2015;
Titre en VO: Er ist wieder da (2012)

Résumé: A Berlin, en 2011. Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : quoi, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Tous ces Turcs qui ont pignon sur rue sont venus de leur plein gré ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ? Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour ça, il lui faut une tribune. Ca tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon filon alléchée, est toute prête à la lui fournir. La machine médiatique s'emballe et bientôt, le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise... Hitler est ravi qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste pour lui à porter l'estocade qui lui permettra d'accomplir enfin ce qu'il n'avait pu achever...

 Je sais ce que tu te dis, ami lecteur, il y a certainement des livres plus drôles que celui-là pour te divertir. Et dans un sens, tu as raison. Entrevoir un retour de Hitler dans une Allemagne (et une Europe au sens large) déchirée par les conflits socio-économiques et où les nationalismes et les extrémismes de tous bords montent en puissance, c'est vrai qu'il y a plus relaxant. Mais là où tu as tort, c'est que ce livre est drôle. Enfin, on s'entend, tu ne vas pas te claquer les cuisses en t'esclaffant que, finalement, ce bon Adolf est un comique de premier ordre. Par contre, si tu te laisses prendre au jeu, tu vas sans doute le trouver intelligent ce bouquin et tu vas te retrouver à le dévorer. En tout cas, moi c'est ce que j'ai fait. Beaucoup de personnes trouvent que le roman est un peu trop répétitif. C'est vrai, mais la répétition se trouve dans le quiproquo des personnages qui ignorent tous qu'ils ont en face d'eux le vrai Hitler et non pas un comédien qui tente de créer le buzz. Alors forcément, Adolf, il doit se répéter car ils ne semblent pas piger l'importance de son discours. Ils pensent que ce n'est qu'un clown. Et c'est vrai, au final, ce type a toujours été un clown. Mais à force d'en rire, certains trouvent que peut-être, il n'a pas si tort que ça. Alors certains commencent à acquiescer à son discours. Ca sonne comme une histoire que tu as déjà entendue, pas vrai? Et c'est là que réside toute l'intelligence de ce roman. On apprend rien de nos erreurs. Vermes aurait pu choisir de critiquer la montée du racisme et de la xénophobie d'une manière différente mais ça a déjà été fait, plusieurs fois. Lui, il décide d'y aller fort, il te ramène Hitler. 
Bon, on ne va pas se mentir, oui, ce roman a quand même quelques défauts. Déjà, Hitler, il se réveille, juste comme ça. Pas d'explication. Il se réveille en 2011 et puis c'est tout. Tu te démerdes avec ça. Mais bon, passons, nous non plus on aurait pas su comment le ramener sans plonger dans un thriller politico-scientifico-blablatico. Alors peut-être que c'était voulu, que Vermes voulait juste illustrer son propos avec le plus grand monstre de notre Histoire contemporaine. Moi, ça me va, mais je comprend que ça puisse rebuter. C'est vrai qu'il y a beaucoup de répétitions. Mais je suis de ces lecteurs que les répétitions ne dérangent pas. Et au final, ce qui est le plus décevant dans ce roman, c'est sa fin. Tu verras, c'est une fin ouverte. Et moi, je n'aime pas trop les fins ouvertes sur ce genre de sujet, je trouve ça dangereux que quelqu'un, dans son salon, puisse s'imaginer la suite.Mais bon, les racistes, homophobes, misogynes et leurs amis n'ont pas besoin de Vermes pour s'imaginer un monde où ils règneraient en maîtres sur les autres. Ils n'ont pas besoin de ce bouquin non plus. Par contre, si tu connais des gens qui sont assez malins  pour comprendre cette critique viscérale et intelligente, n'hésite pas à leur conseiller ce livre. Vermes prévient qu'aujourd'hui, on a même pas besoin d'être Hitler pour dire des âneries et qu'il y aura toujours des imbéciles pour tendre l'oreille. 
 

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