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vendredi 19 juillet 2019

"Chanegement de décor" David Lodge

"Changement de décor" David Lodge
Ed. Rivage 2014.
Titre Original: "Changing places"

Résumé: Deux avions se croisent en plein ciel quelque part au-dessus du Pôle Nord ; l'un transporte un professeur américain brillant, spécialiste de Jane Austen, qui arrive d'une grande université de la côte Pacifique, l'autre un professeur anglais un peu médiocre qui vient d'une université des Midlands et n'a d'autre titre de gloire que de savoir concocter des épreuves d'examen. Ils ont décidé d'échanger leur poste pour une durée de six mois.


Bonjour mon ami lecteur, aujourd'hui je viens te présenter un de mes auteurs préférés: David Lodge. Tu le connais? Non? Alors c'est l'occasion de le découvrir. Déjà c'est un auteur très drôle et surtout très subtil. Il aime à toucher des sujets de société mais toujours avec intelligence. Avec "Changement de décor", il s'attaque à l'univers des universités et aux différences culturelles entre l'Angleterre et les Etats-Unis. Et c'est drôlement efficace. Lodge joue sur les différences (nombreuses) entre les deux pays; leurs moeurs, leurs cultures, leurs visions de la vie. 
Et pourtant... Lodge effectue un glissement de personnages impressionnant. L'un se morphe dans l'autre. Et Lodge nous pose la question de savoir si notre personnalité, nos habitudes ne sont pas, au final, les produits de notre environnement plutôt que de notre éducation. Nous avons les bases mais celle-ci sont mouvantes. Ses personnages deviennent permutables et lissés par ce qui les entourent. 
La plume est acérée, le verbe est juste et le lecteur en redemande. C'est brutal et délicat. C'est drôle et tragique. C'est du Lodge. Et c'est un pur bonheur. 
A bientôt ami lecteur. 

mardi 19 février 2019

"Station Eleven" Emily St. John Mandel

"Station Eleven" Emily St. John Mandel
Ed Rivage 2018.
Parution en VO: 2014.

Résumé: Une pandémie foudroyante a décimé la civilisation. Une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Ce répertoire classique en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu des étendues dépeuplées de l’Amérique du Nord.
Centré sur la pandémie mais s’étendant sur plusieurs décennies avant et après, Station Eleven entrelace les destinées de plusieurs personnages dont les existences ont été liées à celle d’un acteur connu, décédé sur scène la veille du cataclysme en jouant Le Roi Lear. Un mystérieux illustré, Station Eleven, étrangement prémonitoire, apparaît comme un fil conducteur entre eux…

"Station Eleven" est clairment un roman de science-fiction. Mais le genre de science-fiction qui fait froid dans le dos tant elle pourrait être plus prémonitoire que fictionnelle. L'histoire est simple: la grippe a décimé la population terrienne. Ne reste que quelques humains qui survivent tant bien que mal. Tout commence quand Arthur Leander meurt sur scène. C'est notre point d'ancrage dans le passé. C'est par la vie d'Arthur qu'on va découvrir les autres personnages, ce qu'ils sont devenus après la pandémie. Cette histoire nous permet de mettre en perspective notre vision de l'Humanité dans son ensemble. Certains mourront sans qu'on s'en soucie alors que Mandel nous attache à certains de ses personnages. Impossible de les lâcher. On veut savoir ce qu'il advient d'eux. Ce roman n'a pas la prétention de nous livrer un sens profond aux raisons de notre existence, il met juste en perspective la nature humaine et comment elle est conditionnée par ce qui nous arrive avant et pendant. Cela définit qui nous serons après.
Mandel, grâce à cette troupe itinérante, nous montre un monde brutal où chaque refuge pourrait potentiellement être synonyme de danger parfois mortel. Mais ce n'est pas réellement le sujet non plus, si tu veux savoir ce dont l'être humain est capable en cas de catastrophe, on te conseille plutôt "Walking Dead", ami lecteur. Ici, ce n'est pas le propos. Ici, on nous donne une réflexion sur le genre humain dans son ensemble. Tous les personnages sont liés sans vraiment le savoir. Et c'est surtout ce lien qui est observé. Eux, ils ne le savent pas. Nous, si. Et cela en devient addictif. On a besoin de savoir ce qu'il va leur arriver.
Mais au-delà de cette histoire rondement bien menée, ce qui ressort le plus de ce roman, c'est surtout la plume de Mandel. Elle est incroyablement poétique et, paradoxalement, d'une violence inouïe. Il y a une justesse dans les mots, une douceur dans cette dureté. Ce roman se lit tout seul, c'est fluide et agréable. Et en même temps, on sent comme un malaise à se poser comme spectateur, intrus dans ces vies en déroute.
Un pur régal. Un pur bonheur. Il entre directement dans mon top  10 de 2019.