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mardi 29 janvier 2019

"Les enfants de la nuit" Frank Delaney

"Les enfants de la nuit" Frank Delaney
Ed. Le Cherche Midi 2010.
Titre en VO: "The Amethysts"(1998)

Résumé: Michael Newman, architecte londonien renommé, a vécu une relation passionnelle avec Madeleine, une femme fragile et mystérieuse, de quinze ans son aînée, dont il ne connaissait rien, ni son histoire ni son passé. Sans doute était-elle la femme de sa vie, mais il l'a compris trop tard : Madeleine a été assassinée dans d'étranges circonstances. Trois ans plus tard, Michael, qui ne s'est toujours pas remis de ce drame, prend quelques jours de repos dans un hôtel en Suisse. C'est là qu'il fait la connaissance d'un couple de riches hongrois, qui lui montrent quelques photos de la villa qu'ils sont en train de restaurer en Italie. Sur l'une d'entre elles, Michael reconnaît une tour Eiffel en améthyste, une pièce unique créée pour Madeleine, le seul objet dérobé par l'assassin après le meurtre. Dès lors, Michael, devenu la proie d'une série d'agressions, décide de lever le voile sur les secrets de Madeleine et de reprendre l'enquête sur sa mort. C'est le début d'un ténébreux voyage qui, de Londres à Venise en passant par New York et Athènes, le conduira au coeur du cauchemar nazi et de ses expériences les plus inhumaines. Dans un style à la puissance d'évocation remarquable, Les Enfants de la nuit pose des questions fondamentales sur la relation entre l'Histoire et les destinées individuelles, la nature du mal, les traumatismes et la résilience, sans jamais se départir d'un suspense qui bien vite tourne à l'obsession.

Cher ami lecteur, il m'aura fallu le week-end complet pour terminer ce pavé. Et honnêtement, j'ai très vite été dubitative. L'intrigue est longue et alambiquée et pourtant particulièrement facile à cerner. On comprend vite où Delaney veut en venir. Certes, il maîtrise assez bien les scènes difficiles à lire. Tortures aussi bien psychologique que physique; des expériences rebutantes et particulièrement malsaines. Oui, on ne peut pas rester indifférent au propos de Delaney. Malheureusement, ce qui aurait pu être un bon roman n'est as aidé par des personnages lisses. Michael en particulier ne m'a absolument pas touchée. Je n'y ai pas cru à son histoire. Il ne m'a pas donné de tendresse pour Madeleine. Bref, Delaney n'est pas parvenu, pour moi, à nous livrer une histoire, portée par des personnages qui vaille réellement la peine de s'y attarder. Mais comme je déteste abandonner des romans, j'ai continué envers et contre tout. Et même en lui donnant sa chance, pas moyen de vraiment entrer dans ce roman qui était pourtant prometteur. 
Première grosse déception de l'année. 

jeudi 24 janvier 2019

"Par le vent pleuré" Ron Rash

"Par le vent pleuré" Ron Rash 
 Ed. Seuil 2017..
Titre en VO: "The Risen" (2016)

Résumé: Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d’ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s’appelait Ligeia, et personne n’avait plus entendu parler d’elle depuis un demi-siècle. 1967 : le summer of love. Ligeia débarque de Floride avec l’insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C’est l’époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent bien loin de ces révolutions, sous la coupe d’un grand-père tyrannique et conservateur, vont se laisser séduire par Ligeia la sirène et emporter dans le tourbillon des tentations. Le temps d’une saison, la jeune fille bouleversera de fond en comble leur relation, leur vision du monde, et scellera à jamais leur destin – avant de disparaître aussi subitement qu’elle était apparue. À son macabre retour, les deux frères vont devoir rendre des comptes au fantôme de leur passé, et à leur propre conscience, rejouant sur fond de paysages grandioses l’éternelle confrontation d’Abel et de Caïn.

Nous sommes le 24 Janvier 2019, et voici mon premier coup de cœur de l'année. Il y a des romans dont on ne peut expliquer l'effet qu'ils ont sur nous. Je me suis engouffrée dans ce roman. Je me suis plongée et je n'en suis pas sortie indemne. Ce n'est pas vraiment l'histoire en elle-même. Deux frères et une jeune fille. On retrouve les ossements de cette dernières près de cinquante ans plus tard. Que s'est-il passé? Simple non? Mais pourtant, ami lecteur, si l'histoire n'est pas extraordinaire et si, honnêtement, la fin n'est pas spectaculaire non plus, on ne peut que porter aux nues l'écriture de Ron Rash. Ce natif de de la Caroline du Sud nous emporte dans son monde rugueux et empli d'injustices. On découvre Bill et Eugene, deux frères que pratiquement tout oppose, sauf la haine qu'ils portent à leur grand-père tyrannique. On aurait presque envie de les sauver même si on sait que c'est déjà trop tard. Ils ont déjà été cramés par la vie, par cet été où tout va changer. Si Bill semble s'en être mieux sorti que son frère, devenu alcoolique, on découvre, au fil des pages, que Bill est tout aussi endommagé que Eugene. Roman d'initiation, on se laisse emporter dans cette Amérique que Rash construit et déconstruit. On sait que Ligeia les manipule. Mais on ne peut s'empêcher d'être attaché à cette adolescente en perdition. Ils vont tous couler à leur manière, rattrapés par le monde des adultes. Les enfants d'hier sont devenus des hommes accablés par la vie. L'un sombre, l'autre donne le change. Mais au final, ils sont plus semblables qu'ils ne le croient. La vie les a séparé. Cet été aura mis une distance infranchissable entre eux. Et pourtant... 
L'écriture de Rash est phénoménale et le classe dans les meilleurs écrivains américains de ces vingt dernières années. C'est à regret qu'on referme ce livre. On aurait encore voulu rester quelques instants aux bords de cette rivière. Mais le temps nous a rattrapé aussi. Un pur bijou. Tu l'auras compris, ami lecteur, celui-ci, je l'ai adoré.

"A l'hôtel Bertram" Agatha Christie

"A l'hôtel Bertram" Agatha Christie
Ed. du Masque 2015.
Titre en VO: "At Bertram's Hotel" (1965)

Résumé: Ah ! Les muffins de l'hôtel Bertram...
Ils n'ont pas leur pareil. Non plus que le thé, le personnel stylé et les clients, ladies respectables, ecclésiastiques et officiers en retraite qui viennent y retrouver l'atmosphère d'antan... Vraiment, l'hôtel Bertram est plus victorien que nature, et Miss Marple se réjouit d'y passer une semaine. Et pourtant, quelques détails la troublent : cette jeune fille, Elvira, qui s'est amourachée d'un pilote de course peu recommandable, sa mère, une aventurière décidée, et ce pauvre chanoine Pennyfather qui disparaît...
Il est bien étourdi, mais tout de même... Décidément, tout n'est peut-être pas aussi paisible et feutré qu'il y parait... à l'hôtel Bertram.

Il n'y a pas meilleur temps que de la neige et un froid glacial pour se complaire sous un plaid avec un bon Agatha Christie. C'est une belle phrase d'entame, tu ne trouves pas, ami lecteur? Non parce que, soyons francs, il n'y a pas meilleur temps qu'un soleil de plomb et une piscine pour se complaire sur une chaise longue avec un bon Agatha Christie... L'auteure convient en toute saison. Par contre, ce que tu ne sais peut-être pas, ami lecteur, c'est que je souffre du symptôme "christien" du "j'adore" ou "je déteste" les romans de Agatha Christie. C'est tout ou rien. Je suis comme ça moi, intransigeante (je sais, je me mens) Enfin bref, qu'en est-il de celui-ci? "A l'hôtel Bertram"? Si je suis moins fan de la saga Marple (ben oui, je suis belge alors forcément, Poirot et moi, c'est une grande histoire d'amour) "A l'hôtel Bertram" m'a beaucoup plu. Au-delà des personnages très atypiques et particulièrement attachants, c'est surtout l'ambiance de cet hôtel qui a tout fait pour moi dans ce roman. J'ai eu envie de m'y installer pour quelques jours. Un hôtel hors du temps et aux coutumes d'un autre siècle. Et ce Pennyfather, tête en l'air s'il en est. Et que dire de la plume de Christie qui n'ait pas déjà été dit? Ce roman est confortable. J'ai aimé m'installer dans cette histoire et me laisser porter par cette intrigue bien menée. Je n'ai même pas essayer de trouver la solution par moi-même (toi aussi tu as cette manie, ami lecteur?) Je me suis juste laissée emportée à l'hôtel Bertram. J'espère que toi aussi tu t'y plairas. Bonne lecture à toi, ami lecteur.

"Il est de retour" de Timur Vermes

"Il est de retour" Timur Vermes. 
Ed 10/18 2015;
Titre en VO: Er ist wieder da (2012)

Résumé: A Berlin, en 2011. Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : quoi, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Tous ces Turcs qui ont pignon sur rue sont venus de leur plein gré ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ? Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour ça, il lui faut une tribune. Ca tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon filon alléchée, est toute prête à la lui fournir. La machine médiatique s'emballe et bientôt, le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise... Hitler est ravi qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste pour lui à porter l'estocade qui lui permettra d'accomplir enfin ce qu'il n'avait pu achever...

 Je sais ce que tu te dis, ami lecteur, il y a certainement des livres plus drôles que celui-là pour te divertir. Et dans un sens, tu as raison. Entrevoir un retour de Hitler dans une Allemagne (et une Europe au sens large) déchirée par les conflits socio-économiques et où les nationalismes et les extrémismes de tous bords montent en puissance, c'est vrai qu'il y a plus relaxant. Mais là où tu as tort, c'est que ce livre est drôle. Enfin, on s'entend, tu ne vas pas te claquer les cuisses en t'esclaffant que, finalement, ce bon Adolf est un comique de premier ordre. Par contre, si tu te laisses prendre au jeu, tu vas sans doute le trouver intelligent ce bouquin et tu vas te retrouver à le dévorer. En tout cas, moi c'est ce que j'ai fait. Beaucoup de personnes trouvent que le roman est un peu trop répétitif. C'est vrai, mais la répétition se trouve dans le quiproquo des personnages qui ignorent tous qu'ils ont en face d'eux le vrai Hitler et non pas un comédien qui tente de créer le buzz. Alors forcément, Adolf, il doit se répéter car ils ne semblent pas piger l'importance de son discours. Ils pensent que ce n'est qu'un clown. Et c'est vrai, au final, ce type a toujours été un clown. Mais à force d'en rire, certains trouvent que peut-être, il n'a pas si tort que ça. Alors certains commencent à acquiescer à son discours. Ca sonne comme une histoire que tu as déjà entendue, pas vrai? Et c'est là que réside toute l'intelligence de ce roman. On apprend rien de nos erreurs. Vermes aurait pu choisir de critiquer la montée du racisme et de la xénophobie d'une manière différente mais ça a déjà été fait, plusieurs fois. Lui, il décide d'y aller fort, il te ramène Hitler. 
Bon, on ne va pas se mentir, oui, ce roman a quand même quelques défauts. Déjà, Hitler, il se réveille, juste comme ça. Pas d'explication. Il se réveille en 2011 et puis c'est tout. Tu te démerdes avec ça. Mais bon, passons, nous non plus on aurait pas su comment le ramener sans plonger dans un thriller politico-scientifico-blablatico. Alors peut-être que c'était voulu, que Vermes voulait juste illustrer son propos avec le plus grand monstre de notre Histoire contemporaine. Moi, ça me va, mais je comprend que ça puisse rebuter. C'est vrai qu'il y a beaucoup de répétitions. Mais je suis de ces lecteurs que les répétitions ne dérangent pas. Et au final, ce qui est le plus décevant dans ce roman, c'est sa fin. Tu verras, c'est une fin ouverte. Et moi, je n'aime pas trop les fins ouvertes sur ce genre de sujet, je trouve ça dangereux que quelqu'un, dans son salon, puisse s'imaginer la suite.Mais bon, les racistes, homophobes, misogynes et leurs amis n'ont pas besoin de Vermes pour s'imaginer un monde où ils règneraient en maîtres sur les autres. Ils n'ont pas besoin de ce bouquin non plus. Par contre, si tu connais des gens qui sont assez malins  pour comprendre cette critique viscérale et intelligente, n'hésite pas à leur conseiller ce livre. Vermes prévient qu'aujourd'hui, on a même pas besoin d'être Hitler pour dire des âneries et qu'il y aura toujours des imbéciles pour tendre l'oreille. 
 

mercredi 23 janvier 2019

"Agatha Raisin: Vacances tous risques" MC Beaton

"Agatha Raisin: Vacances tous risques" MC Beaton
Ed. Albin Michel 2017.
Titre en VO: "Agatha Raisin and the terrible tourist" (1997)

- Agatha Raisin enquête: la quiche fatale. 
- Agatha Raisin enquête: remède de cheval. 
-Agatha Raisin enquête: pas de pot pour la jardinière. 
-Agatha Raisin enquête: randonnée mortelle.
- Agatha Raisni enquête: pour le meilleur et pour le pire.

Résumé:  God damned ! Voilà que James Lacey, le charmant voisin d'Agatha Raisin, a disparu ! Renonçant à lui passer la bague au doigt, comme il le lui avait promis. C'est mal connaître Agatha. Délaissant son village des Cotswolds pour Chypre, où James et elle avaient prévu de célébrer leur lune de miel, elle part sur les traces de l'élu de son coeur, bien décidée à lui remettre la main dessus ! Mais à peine l'a-t-elle retrouvé, pas le temps de s'expliquer : une touriste britannique est tuée sous leurs yeux. Fidèle à sa réputation, Agatha se lance dans l'enquête, quitte à laisser filer James, las de ses excentricités...


Ce qui devait arriver, arriva. Il fallait bien qu'un Agatha Raisin me déçoive un peu. Et c'est le cas pour celui-ci. Agatha m'a agacée du début à la fin. Déjà que je n'aimais pas James, ce tome ne va pas m'aider à l'apprécier davantage. L'intrigue en elle-même est assez réussie mais les relations Agatha-James prennent le dessus. Et malheureusement, cela ne sauve pas ce tome. Tu auras envie de secouer ta bonne vieille Agatha, mon ami lecteur. Tu vas souvent lever les yeux au ciel en écoutant les arguments d'Agatha. Oh bien sûr, tu comprendras parfois son comportement, mais tu voudras qu'elle tourne la page. Est-ce que tu vas aimer l'intrigue policière? Oui, probablement, mais bon sang que le reste va t'agacer. Là tu te demandes si ça vaut bien la peine de le lire ce roman, au final. Et là, je vais te répondre franchement: oui, tu vas le lire puisque tu es sûr que ce n'est qu'un faux pas et que la suite de la saga va se reprendre. Je suis comme toi, c'est tout ce que j'espère. 


Extrait (semaine 4)

"Il y a une volupté à se faire des reproches à soi-même. Quand nous nous condamnons, nous sentons que personne n'a plus le droit de nous condamner. C'est la confession et non le prêtre qui nous donne l'absolution"
"Le Portrait de Dorian Gray", Oscar Wilde (1890) 

"Agatha Raisin: Pour le meilleur et pour le pire" MC Beaton

"Agatha Raisin: Pour le meilleur et pour le pire" MC Beaton
Ed Albin Michel 2017. 
Titre en VO: "Agatha Raisin and the murderous marriage" (1997)

 Titres parus avant ce tome

- Agatha Raisin enquête: la quiche fatale. 
- Agatha Raisin enquête: remède de cheval. 
-Agatha Raisin enquête: pas de pot pour la jardinière. 
-Agatha Raisin enquête: randonnée mortelle.

Résumé: Incroyable mais vrai : James Lacey, le célibataire le plus convoité des Cotswolds, a cédé au charme de sa voisine, la pétillante quinqua Agatha Raisin ! Hélas, le conte de fées est de courte durée : au moment où les tourtereaux s'apprêtent à dire "oui", Jimmy, l'ex-mari d'Agatha, surgit en pleine cérémonie... Furieux de découvrir que sa future femme est déjà unie à un autre, James abandonne Agatha, désespérée, au pied de l'autel. Le lendemain, Jimmy est retrouvé mort au fond d'un fossé. Suspect n°1, le couple Agatha-James se reforme le temps d'une enquête pour laver leur réputation et faire la lumière sur cette affaire.

Agatha va se marier! Avec James! (je ne l'aime pas trop lui) C'était sans compter la réapparition de Jimmy, son mari. Non pas que notre bonne vieille Agatha soit bigame, non, elle le pensait mort, noyé dans sa propre vodka. bon, elle aurait sans doute du vérifier. Parce qu'au moment de dire "oui", Jimmy réapparait et ruine la fête. Et bien évidemment, Jimmy se fait tuer. Un emmerdeur jusqu'au bout ce Jimmy. Et qui est suspect? ben Agatha, évidemment. Il va donc falloir laver son honneur en compagnie de James, qui devient de plus en plus antipathique en ce qui me concerne. Je ne vois vraiment pas ce qu'elle lui trouve à ce pisse-vinaigre égocentrique.
Pour la première fois, on va rencontrer Agatha dans ce qu'elle a de plus vulnérable, elle va t'agacer avec son james, ami lecteur, crois-moi. Mais on retrouve bien la patte Beaton qui fonctionne toujours aussi bien. On est toujours dans cette Angleterre intimiste et totalement voyeuriste. Ces gens n'ont pas de voisins, ils ont des espions. L'intrigue est bien ficelée et on se laisse à nouveau avoir par l'auteure qui nous livre un roman bien agréable à lire. Détente assurée. 



"Geisha" Arthur Golden

"Geisha" Arthur Golden
Ed. JC Lattès 2006.
Titre en VO: "Memoirs of  Geisha" (1997)

Résumé: À neuf ans, dans le Japon d'avant la Seconde Guerre mondiale, Sayuri est vendue par son père, un modeste pêcheur, à une maison de plaisir de Kyoto.
Dotée d'extraordinaires yeux bleus, la petite fille comprend vite qu'il faut mettre à profit la chance qui est la sienne. Elle se plie avec docilité à l'initiation difficile qui fera d'elle une vraie geisha. Art de la toilette et de la coiffure, rituel du thé, science du chant, de la danse et de l'amour : Sayuri va peu à peu se hisser au rang des geishas les plus convoitées de la ville. Les riches, les puissants se disputeront ses faveurs.
Elle triomphera des pièges que lui tend la haine d'une rivale. Elle rencontrera finalement l'amour...Écrit sous la forme de mémoires, ce récit a la véracité d'un exceptionnel document et le souffle d'un grand roman. Il nous entraîne au cœur d'un univers exotique où se mêlent érotisme et perversité, cruauté et raffinement, séduction et mystère.

Je ne vais pas mentir, je ne suis pas une de ces fans du Japon qui ne jure que par la culture nippone. J'aime bien les mangas mais vous ne me ferez pas manger de sushis et la culture japonaise me passe un peu au-dessus de la tête. Alors, je me suis surprise moi-même de choisir ce bouquin à la bibliothèque. Et je ne le regrette vraiment pas. J'ai eu un peu peur au début, je n'accrochais pas vraiment. Un peu longuet et je ne voyais pas où Golden voulait m'emmener. Et ensuite, sans que je ne m'en rende compte, impossible de le lâcher ce roman. Déjà, le style. Golden a ce petit quelque chose en plus. Son écriture est parfois plus intéressante que son sujet. Ses tournures de phrases sont élégantes même lorsqu'il écrit une situation peu réjouissante. 
Qu'on soit bien clair, Golden nous dépeint un univers où la femme est objet d'ornement et objet sexuel. On aura beau s'extasier sur la beauté d'un kimono, le sujet est dur. 
Le pire est peut-être que les hommes ne sont pas vraiment l'objet de ce roman. Ce sont plus les rivalités entre geishas, les sacrifices du statut et la discipline engendrée par cette culture de geishas. 
On entre dans un autre temps. Dans un autre système de pensées. Une autre culture. 
Et j'aurais du, en toute logique, détester ce roman. Et pourtant, non, j'ai adoré. Golden y est sans doute pour beaucoup car sa plume est splendide. On en vient à développer de l'empathie pour Sayuri. Oui, on a envie que cette petite fille s'en sorte malgré ce qu'elle sera obligée de faire pour se sortir de son destin pourri. Elle deviendra une grande geisha, on le sait depuis le début. Pas par choix mais pas nécessité, et c'est en cela que le roman est puissant. On  ne parle pas ici de volonté de devenir une geisha. Non, on parle d'une petite fille qui n'a d'autre choix que celui-là pour pouvoir s'en sortir. Elle est obligée de vendre son corps au plus offrant,elle est obligée de sourire alors qu'elle hurle de l'intérieur. Ce n'est pas sa volonté, elle ne l'a pas choisi et pourtant elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour tirer le meilleur d'une situation loin d'être enviable. C'est cette ténacité et cette volonté de s'en sortir malgré tout qui fait de roman de Golden un véritable chef-d’œuvre de la littérature américaine moderne. A toi de jouer, ami lecteur. Ce ne sera pas une lecture facile, tu seras souvent en colère, mais, promis, tu aimeras cette petite Sayuri et son combat deviendra le tien.  

"La Nostalgie Heureuse" Amélie Nothomb

"La Nostalgie Heureuse" Amélie Nothomb 
Ed. Albin Michel 2013. 

Résumé: Amélie Nothomb retourne au Japon. Aussi simple que cela.

Ma relation avec Amélie Nothomb a toujours été assez chaotique. Ce n'est pas de sa faute. Et ce n'est pas la mienne. Non c'est la faute de mon professeur de français qui pour "introduction à la littérature belge" nous a confié "La Métaphysique des tubes". Pas que le roman ne soit pas bon, mais quand tu ne connais pas bien Amélie Nothomb, la rencontre est brutale. 
Shame! Shame! Shame! donc à ce professeur qui aurait pu nous choisir "Stupeur et Tremblements" paru l'année d'avant. 
J'ai donc eu un blocage "nothombien" pendant des années. Mais je me suis guérie entre temps, et maintenant, je fais partie de ses lecteurs fidèles. C'est toujours court et bien mesuré. Le mot est choisi et élève le texte. Nothomb traite de sujets sombres avec légèreté et intelligence. C'est toujours un petit plaisir d'ouvrir un de ses romans et de se demander ce que l'auteure nous prépare cette fois-ci. 
Et "La Nostalgie Heureuse" ne déroge pas à la règle. Nothomb repart pour le Japon de son enfance et est confrontée au temps qui est passé. Il est passé pour le Japon mais il est aussi passé pour elle. Elle n'a plus cet œil de l'enfant qui découvre mais celui de l'adulte qui constate. Tout change, qu'on le veuille ou pas. On peut se retourner avec mélancolie et tristesse parfois. Les regrets changent nos souvenirs. Mais au Japon, il existe une autre nostalgie que la nôtre, la nostalgie heureuse. Celle qui nous fait sourire, qui diffuse un peu de chaleur dans nos cœurs. C'est à cette nostalgie heureuse que  Nothomb nous introduit. On sourit, souvent. On rit, franchement. Tu seras envahi par tes propres souvenirs, ami lecteur. Tu repenseras à ces moments clés pour toi et tu parviendras à mettre un nom sur le sentiment que tu éprouveras. "La Nostalgie Heureuse". Bonne lecture à toi et laisse toi envahir par cette souriante mélancolie.

"Agatha Raisin enquête: Randonnée Mortelle" M.C. Beaton

"Agatha Raisin enquête: Randonnée Mortelle" MC Beaton 
Ed. Albin Michel 2016.
Titre en VO: "Agatha Raisin, And the walkers of Dembley"(1995)
Titres parus avant ce tome
- Agatha Raisin enquête: la quiche fatale. 
- Agatha Raisin enquête: remède de cheval. 
-Agatha Raisin enquête: pas de pot pour la jardinière. 


Résumé: Après un séjour de six mois à Londres, Agatha retrouve enfin ses chères Cotswolds - et le non moins cher James Lacey. Même si le retour au bercail de son entreprenante voisine ne donne pas l'impression d'enthousiasmer particulièrement le célibataire le plus convoité de Carsely.
Heureusement, Agatha est très vite happée par son sport favori : la résolution d'affaires criminelles. Comme le meurtre d'une certaine Jessica, qui militait pour le droit de passage de son club de randonneurs dans les propriétés privées des environs.
Les pistes ne manquent pas : plusieurs membres du club et quelques propriétaires terriens avaient peut-être de bonnes raisons de souhaiter sa disparition. Mais la piste d'un tueur se perd aussi facilement que la tête ou... la vie !

Bon, comme tu l'auras déjà compris, avec ce blog, je commence à partir de 2019. Et malheureusement pour cette vieille Agatha, j'avais commencé la saga en 2018. Même si les tomes cette saga pourraient se lire indépendamment les uns des autres, il est quand même plus agréable de les lire dans l'ordre. Donc...
Previously on Agatha Raisin: Agatha vient de prendre sa retraite de l'agence de communication qu'elle a fondée, après avoir quitté Jimmy, son ivrogne de mari. Elle s'installe dans une maison d'un petit village anglais. Où elle s'ennuie presque immédiatement. Son attention est attirée par son voisin James Lacey qui lui, ne semble pas s'en soucier. Une chose à savoir en ce qui concerne notre retraitée: où qu'elle aille et où qu'elle soit, un meurtre se produit. Que s'est-il passé dans les tomes précédents? Des meurtres, tous résolus. Un rapprochement entre Agatha et les villageois. James? Au point mort. En sachant tout cela, on devrait s'en sortir pour cette chronique.

Donc voici le quatrième tome des aventures d'Agatha, la Jessica Fletcher bad-ass de MC Beaton. Dans ce tome, tu aller faire des randonnées avec notre retraitée. Petit détail intéressant, James et elle vont devoir faire semblant d'être mariés. Ce qui ravivera tout ceux qui adorent ce couple. Pour ma part, je ne suis pas très fan de James donc, c'est devenu assez secondaire en ce qui me concerne. Les trois premiers tomes avaient un niveau assez exceptionnel et le quatrième est de la même veine. On entre dans ce groupe de randonneurs en se demandant qui a le gène du meurtre. Et bien évidemment, tous l'ont. Mais encore une fois, Beaton va nous avoir en beauté et la fin sera inattendue.
Lire Agatha Raisin, c'est entrer au Red Lion avec elle, commandant une pinte en espionnant les conversations des autres habitants. C'est aussi se reposer un moment dans un petit cottage anglais, un thé à la main. C'est de la détente pure. Si tu as un peu le cafard, mon ami lecteur, ferme toutes tes portes, mets toi sous un plaid avec une tasse de thé et des biscuits. Prépares toi bien et ouvre un Agatha Raisin, tu verras, ça fait du bien.

"La Lettre écarlate" Nathaniel Hawthorne

"La Lettre écarlate"de Nathaniel Hawthorne
Ed. Folio 1977.
Titre en VO: The Scarlet Letter (1850)

Résumé: La lettre écarlate, c'est la marque au fer rouge qui désigne la femme adultère dans l'Amérique du puritanisme obsessionnel de l'époque coloniale.
Trois personnages : Hester qui vit avec une dignité admirable sa faute et sa solitude. Arthur Dimmesdale, le jeune pasteur dont les élans mystiques soulèvent à Boston l'enthousiasme des fidèles mais qui, ensorcelé par Hester, ne parvient ni à dominer ni à vivre sa sensualité. Chillingworth, le mari, qui pendant des années tourmentera en silence le pasteur jusqu'à la folie et la mort.


Parfois, on peut se plaindre des classiques en soulignant que le sujet n'est plus d'actualité ou que l'écriture est un peu trop alambiquée pour qu'on puisse vraiment prendre le roman en main. Et bien, pas de bol, parce qu'ici, tu ne pourras utiliser aucune de ces excuses. Le sujet est "la femme adultère et le société qui la juge". Mais en fait, non. C'est beaucoup plus profond que ça et c'est justement pour ça que "La Lettre écarlate" est terriblement actuel. On force cette femme adultère à porter un A écarlate sur sa poitrine afin que tout le monde sache qu'elle a péché. Hawthorne nous dépeint une femme forte qui porte sa lettre, non avec honte, mais avec défi. Et elle a raison, car même à l'époque d'Hawthorne, un bébé, ça ne se fait pas toute seule. Mais elle sera seule coupable, en refusant de révéler l'identité du père. Tu vois, mon ami lecteur, Hawthorne est un peu une sorte de féministe du 19ème siècle. Parce que les hommes de ce roman sont faibles ou revanchards.Hester garde la tête haute pendant que les personnages masculins intriguent ou s'écroulent. Dans une Amérique puritaine, tu m'étonnes que ce roman a jeté un grand froid. Tu comprends maintenant pourquoi les vêtements de "la servante écarlate" sont de cette couleur? 
Tous les personnages vont payer le tribut de leurs fautes. Que cela soit via Pearl, la fille illégitime d'Hester, que par leur conscience ou les intrigues dans lesquels ils se sont compromis. 
"La Lettre écarlate" est un classique écrit il y a plus de 150, et pourtant il reste actuel et résonne comme un avertissement. Ne juge pas les autres et tu ne  seras pas jugé. Et puis, même si tu l'es, jugé, garde la tête haute et fais ce qu'il te semble juste de faire. Mais gardes à l'esprit que tout se paie un jour et qu"il faudra également être prêt à payer tes dettes. 
Sur fond de religion extrême, de puritanisme à son apogée, Hawthorne nous offre un acte de résistance. La seule erreur est de confondre résistance et arrogance. La différence entre les deux pourrait t'être fatale. 
Un classique à lire et à relire. 

"A son image" de Jérôme Ferrari

"A son image" de Jérome Ferrari.
Ed. Acte Sud. 2018.

Résumé: 
Par une soirée d’août, Antonia, flânant sur le port de Calvi après un samedi passé à immortaliser les festivités d’un ma­riage sous l’objectif de son appareil photo, croise un groupe de légionnaires parmi lesquels elle reconnaît Dragan, jadis rencontré pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Après des heures d’ardente conversation, la jeune femme, bien qu’épuisée, décide de rejoindre le sud de l’île, où elle réside. Une embardée précipite sa voiture dans un ravin : elle est tuée sur le coup.
L’office funèbre de la défunte sera célébré par un prêtre qui n’est autre que son oncle et parrain, lequel, pour faire rempart à son infinie tristesse, s’est promis de s’en tenir stric­tement aux règles édictées par la liturgie. Mais, dans la four­naise de la petite église, les images déferlent de toutes les mémoires, reconstituant la trajectoire de l’adolescente qui s’est rêvée en photographe, de la jeune fille qui, au milieu des années 1980, s’est jetée dans les bras d’un trop séduisant militant nationaliste avant de se résoudre à travailler pour un quotidien local où le “reportage photographique” ne sem­blait obéir à d’autres fins que celles de perpétuer une collec­tivité insulaire mise à mal par les luttes sanglantes entre clans nationalistes.
C’est lasse de cette vie qu’Antonia, succombant à la tenta­tion de s’inventer une vocation, décide, en 1991, de partir pour l’ex-Yougoslavie, attirée, comme tant d’autres avant elle, dans le champ magnétique de la guerre, cet irreprésentable.
De l’échec de l’individu à l’examen douloureux des apories de toute représentation, Jérôme Ferrari explore, avec ce roman bouleversant d’humanité, les liens ambigus qu’entre­tiennent l’image, la photographie, le réel et la mort.


C'est un peu par hasard que j'ai lu ce roman. J'avais besoin de me vider  la tête et de lire un texte court. Je l'ai lu d'une traite. Avide de connaître la suite. La suite et non pas la fin, car la fin, nous la connaissons. Antonia est morte, c'est un fait. On assiste à son enterrement. Mais Ferrari va lui offrir des funérailles où chacun ressentira la force de la vie d'Antonia. Ceux qui l'ont connue, mais toi aussi lecteur, tu seras happé dans son histoire. On s'avance donc dans sa vie, vers la tragédie déjà annoncées. Antonia était photographe et c'est par le prisme de son objectif que chacun va la raconter et toi la rencontrer. Tu la jugeras parfois mais au fond, tu te laisseras envahir par son essence. C'est qu'elle en a vécu des choses Antonia. Et tu vas les vivre avec elle. Ses douleurs. Ses joies. Ses doutes. Et tu vas t'attacher à ce personnage qui a déjà pourtant quitté la pièce. 
Si c'est parfois un peu long,  ce n'est jamais morne. Ferrari et sa plume nous envolent et même si parfois, on est moins intéressé, au détours d'une phrase, Ferrari jette une phrase qui te touchera au coeur. 
Parfois il faut laisser le hasard opérer.

A lire Et vite.